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Institut de recherche Bruyère

UN MONDE VIRTUEL DE POSSIBILITÉS

Lisa Sheehy, Ph. D., considère la réalité virtuelle comme moyen innovant et bienveillant de prodiguer des soins

Lisa SheehyPour le patient ou le résident, le sentiment de faire partie de l’équipe soignante est un facteur déterminant pour les soins qui lui sont prodigués. Parfois, cela signifie qu’il faut favoriser les liens et y mettre de la joie. Dans d’autres cas, il faut faire diversion et laisser l’esprit vagabonder.

Lisa Sheehy, Ph. D., chercheuse à l’Institut de recherche Bruyère et physiothérapeute agréée, voit dans la réalité virtuelle (RV) un moyen innovant de prodiguer des soins empreints de compassion.

« Certains d’entre nous auraient besoin d’un peu de distraction, souligne-t-elle. La réalité virtuelle est une technologie extraordinaire qui permet d’immerger les gens dans un monde différent du leur. »

Madame Sheehy travaille depuis des années avec des technologies de réalité virtuelle immersives et non immersives. Pour elle, la RV est bien plus qu’un moyen de divertissement. C’est un processus par lequel les patients en réadaptation peuvent participer et apprendre. Cela devient un compagnon pour les personnes atteintes de démence qui vivent dans un foyer de soins de longue durée. C’est une échappatoire thérapeutique pour les patients qui souffrent.

Les compagnons virtuels se prêtent à des conversations amicales


Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la Santé, une personne âgée sur quatre souffre d’isolement social. Au Canada, près de 70 % des personnes résidant dans des foyers de soins de longue durée sont atteintes de démence et, malheureusement, leur risque de dépression et d’isolement est très élevé.


Mme Sheehy fait partie d’une équipe qui est en train de concevoir et de mettre à l’essai un compagnon virtuel appelé Kiera pour les résidents atteints de troubles cognitifs dans les foyers de soins de longue durée; les récentes avancées en matière d’intelligence artificielle (IA) ont vraiment fait bouger les choses pour ces personnes.


Contrairement à la plupart des applications d’IA qui s’attachent à répondre à des questions, le développement de Kiera est axé sur le dialogue avec les personnes atteintes de démence, d’une manière qui fait remonter des souvenirs et qui suscite des récits riches et significatifs.


« La RV ne remplace pas les autres personnes, mais elle pourrait contribuer à améliorer la qualité de vie, à réduire l’isolement social et à atténuer les comportements réactifs des personnes atteintes de démence dans les foyers de soins de longue durée, explique Mme Sheehy. Nos études montrent que de nombreux résidents restent engagés dans de longues conversations, intimes et chaleureuses, qui contribuent à contrer la solitude. »


Les mondes virtuels offrent une évasion immersive


femme âgée qui se penche sur un casque de réalité virtuelleLa réalité virtuelle peut être une puissante forme de thérapie par la distraction. Pour les patients confrontés aux difficultés liées à des maladies complexes et chroniques, la RV devient un moyen sain de s’évader.


Mme Sheehy étudie également le rôle des expériences immersives de RV dans les soins complexes et cherche à déterminer si elles peuvent contribuer au processus de gestion de la douleur. Des patients souffrant de douleurs chroniques l’ont utilisée dans leur chambre pour échapper momentanément à l’environnement hospitalier. D’autres y ont eu recours lors du changement de pansements, pour soulager la douleur et l’angoisse.


Les premiers résultats suggèrent que les expériences immersives de RV contribuent à réduire la douleur et le malaise, du moins à court terme.


« La RV et l’IA peuvent être divertissantes, mais chez Bruyère, elles constituent plutôt des exemples de la façon dont nous pouvons utiliser la technologie pour améliorer la qualité de vie de nos patients et de nos résidents, déclare Mme Sheehy. J’y vois la possibilité d’offrir aux gens une meilleure expérience de soins, en leur donnant l’occasion de faire une pause, non seulement dans leur environnement, mais aussi dans leurs combats quotidiens. »