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Visites aux urgences relativement à la consommation de substances liées à un risque accru de développer une schizophrénie

27/09/2023

Ottawa, le 27 septembre 2023. – Selon une étude de recherche, les personnes qui se présentent aux urgences après avoir consommé des substances, particulièrement le cannabis, ont un risque élevé de développer une schizophrénie.


L’étude, menée par des chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa, de l’Institut de recherche Santé Bruyère et de l’ICES, a montré que les personnes ayant consulté aux urgences pour une psychose induite par une substance (brefs accès d’hallucinations ou de délires déclenchés par la consommation ou le sevrage d’une substance) couraient, dans une proportion de 18,5 %, un risque de développer une schizophrénie dans les trois années qui suivaient leur visite aux urgences.


Les personnes qui se sont rendues aux urgences suivant une consommation de substances sans crise psychotique avaient 1,4 % de chances de développer une schizophrénie dans les trois années suivantes, alors que la population générale n’avait que 0,1 % de chances d’en être atteinte.


« Comparé au risque naturel de développer une psychose dans la population générale, nous constatons qu’il y a 163 fois plus de risque de se voir diagnostiquer une schizophrénie après une crise psychotique induite par une substance et 10 fois plus de risques de voir ce diagnostic posé après la consommation de substances qui n’ont pas induit de psychose », déclare l’auteur principal et scientifique adjoint de l’ICES, le Dr Daniel Myran, qui est également médecin de famille, professeur adjoint au Département de médecine familiale de l’Université d’Ottawa et chercheur à l’Institut de recherche Santé Bruyère.


Les chercheurs ont analysé les dossiers médicaux de l’ICES de près de dix millions de personnes âgées de 14 à 65 ans vivant en Ontario, au Canada, de janvier 2008 à mars 2022. Les individus étaient inclus dans cette recherche s’ils n’avaient pas d’antécédents de psychose ou de schizophrénie. Les particularités des personnes ayant consulté pour la première fois aux urgences pour usage de substances (avec ou sans psychose) ont été comparées à celles des gens dans la population générale. Nous avons constaté que 407 737 personnes se sont rendues aux urgences après avoir fait usage de substances, et que de ce nombre, 13 784 (3,4 %) avaient consulté pour une psychose induite par l’usage de substances.


Les chercheurs ont constaté d’importantes variations de risque en fonction du type de substance consommée. Pour les personnes souffrant de psychose induite par une substance, c’est le cannabis qui représente le risque le plus élevé, et 26 % de ces personnes ont développé une schizophrénie dans les trois années qui ont suivi, soit un taux 242 fois supérieur à celui observé dans la population générale. La consommation d’amphétamines (principalement la méthamphétamine ou la méthamphétamine en cristaux) était la substance qui posait le plus de risques, même en l’absence de psychose, avec 3,7 % des individus qui ont développé une schizophrénie au cours des trois années suivantes, soit un taux 28,4 fois supérieur à celui observé dans la population générale.


Les visites aux urgences, toutes substances confondues, révèlent que le jeune âge et les personnes de sexe masculin (genre à la naissance) sont des critères associés à un risque élevé de développer une schizophrénie, surtout avec le cannabis. Plus de 40 % des hommes âgés de 14 à 24 ans ayant consulté aux urgences pour une psychose induite par le cannabis ont reçu un diagnostic de schizophrénie dans les trois ans qui ont suivi, soit un risque deux fois plus élevé que chez les femmes du même âge.


« Les personnes ayant eu une première crise de psychose avaient le plus souvent consommé du cannabis, et une consommation prolongée aggrave le pronostic de la psychose une fois qu’elle s’est installée. Il est important de noter que, trop souvent, les personnes qui consomment du cannabis ne sont pas conscientes des risques que cela comporte pour leur santé mentale et doivent être mieux informées », déclare Marco Solmi, coauteur de l’étude et directeur médical du Programme d’intervention au premier accès de psychose « On avance », de L’Hôpital d’Ottawa.


Des études menées dans diverses disciplines confirment toutes que la consommation de substances peut jouer un rôle décisif dans le développement de la schizophrénie. Bien que cette corrélation soit en partie liée à des facteurs de risque communs pouvant expliquer que les personnes à risque élevé de schizophrénie soient prédisposées à une forte consommation de substances en raison de facteurs génétiques ou environnementaux, les données actuellement disponibles indiquent que des drogues telles que le cannabis peuvent avoir un effet causal sur l’apparition de la schizophrénie.


« Le risque élevé de consommation de cannabis, en particulier chez les jeunes hommes, a des répercussions importantes sur l’éducation et les politiques publiques, étant donné que les tendances mondiales sont à l’augmentation de la consommation de cannabis et de l’intérêt pour sa légalisation », ajoute le Dr Myran.


Le Dr Jess Fiedorowicz, chef du service de santé mentale de L’Hôpital d’Ottawa et coauteur de l’étude, fait remarquer que les sondages menés au pays ont toujours indiqué une tendance constante à l’augmentation de la consommation de cannabis au Canada. Il soutient que son équipe a observé une augmentation frappante du nombre de personnes présentant des problèmes psychiatriques importants qui semblent attribuables à l’usage du cannabis. « Nous espérons que cette étude attirera l’attention sur ce problème de santé publique important et trop souvent ignoré », conclut-il.


L’étude Transition to schizophrenia spectrum disorder following emergency department visits due to substance use with and without psychosis [Consultation aux urgences suivant l’usage de substances entraînant ou non une psychose et évolution vers le trouble du spectre de la schizophrénie] a été publiée dans le JAMA Psychiatry.


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Dans l’actualité:
Ottawa Citizen, le 27 septembre 2023
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