Marche vers le futur — soutenir les aînés francophones grâce à un programme de télésanté sur la prévention de chutes
29/11/2023
Chaque année, de 20 à 30 pour cent des Canadiens adultes font des chutes qui entraînent des blessures graves. Les chutes restent une des principales causes d’hospitalisation pour blessures chez les aînés et elles peuvent se traduire en perte de mobilité et d’autonomie, et de l’isolement social.
Jennifer O’Neil, Ph. D., chercheuse affiliée à l’Institut de recherche Santé Bruyère et physiothérapeute, reconnaît depuis longtemps l’importance des activités axées sur la prévention des chutes. Les communautés francophones minoritaires ont parfois de la difficulté à se prévaloir de ce genre de programme en français, ce qui explique leur faible taux de participation.
Marche vers le futur est un programme de télésanté sur la prévention des chutes offert en français. Conçu à Ottawa par Jacinthe Savard, ergothérapeute, et Dominique Cardinal, docteure en physiothérapie, le programme réduit efficacement les facteurs de risque de chutes chez les francophones âgés de 55 ans et plus. Depuis le succès du premier projet pilote local, dans le cadre duquel Mme O’Neil a livré le programme à titre de physiothérapeute, l’équipe de Marche vers le futur s’est attachée à étendre le programme à l’ensemble du Canada par le biais d’une approche de formation des formateurs.
Actuellement, Mme O’Neil mène des recherches sur la portée, l’adoption et la mise en œuvre de Marche vers le futur, afin de déterminer ce qui contribue à la réussite, à la viabilité et à l’équité de ce projet dans la pratique.
« Nous avons mis en œuvre le programme dans huit établissements au Canada, et sommes ravis d’apprendre que six de ces établissements ont continué d’offrir le programme », se réjouit Mme O’Neil. « Cela montre vraiment à quel point la collaboration entre les chercheurs, les cliniciens, et la population est précieuse pour passer de la recherche à la pratique. »
L’équipe de médecine familiale de Bruyère a implanté ce programme de douze semaines dans la région d’Ottawa. Il a été offert à distance aux francophones de la Santé Bruyère Soins de longue durée Saint-Louis et cette année, en personne aux patients de l’Santé Bruyère Hôpital Élisabeth-Bruyère. Audrey Lienhard, infirmière autorisée au programme de soins aux aînés, a veillé à son bon déroulement chez Bruyère, et a vu les participants, souvent âgés de plus de 75 ans, gagner en force et en équilibre.
« Les gens se sentent motivés lorsqu’ils viennent nous voir, car c’est souvent la première fois qu’ils ont accès à un tel programme en français », a déclaré Mme Lienhard. « Au cours du programme, nos participants se rendent compte qu’ils ont beaucoup de choses à changer, et lorsqu’ils suivent le programme en personne, ils peuvent échanger avec les autres participants et se sentent moins seuls. Nous en voyons les avantages, et ils les voient aussi ».
À ses débuts, le programme était offert par visioconférence dans un centre communautaire. Toutefois, pendant la pandémie de COVID-19, nous avons élargi sa portée et les personnes pouvaient y avoir accès en ligne, depuis leur domicile. Grâce à son succès, l’équipe de recherche de Marche vers le futur envisage aussi d’offrir le programme en personne et d’étudier les préférences des gens en matière d’accès et de participation dans l’optique d’équité en santé.
« Notre recherche actuelle nous aide à mettre en évidence les facteurs entravant ou facilitant la mise en place de ce type de programme, » a déclaré madame O’Neil. « Nous cherchons maintenant à comprendre pourquoi une personne serait plus encline à participer d’une certaine manière plutôt que d’une autre. Nous espérons également mettre à l’essai des semelles munies de capteurs afin de recueillir des données sur la mobilité et des renseignements détaillés sur la façon dont ce programme aide les participants au fil du temps. »
L’article sur le sujet, Reach, adoption, and implementation strategies of a telehealth falls prevention program: perspectives from francophone communities across Canada, a été publiée dans Health Promotion Practice, en anglais seulement.
*
Cette recherche et son application ont été financées en partie par le Consortium national de formation en santé, la Société Santé en français et Santé Canada.