L’intelligence artificielle pour déterminer le fardeau des partenaires de soins
21/06/2023
Pour de nombreuses personnes atteintes de démence, il est préférable de vivre avec leur famille plutôt que dans un logement supervisé ou dans un foyer de soins de longue durée. Cependant, à mesure que les symptômes de la démence progressent, les personnes qui en sont atteintes voient souvent leurs capacités fonctionnelles diminuer, ce qui exige un soutien accru de la part de leurs proches aidants.
Lorsque les proches aidants – conjoints, membres de la famille ou amis – assument des responsabilités croissantes en aidant les personnes atteintes de démence à accomplir les activités de la vie quotidienne, ils courent plus de risques de souffrir de stress et d’épuisement. Pourtant, ces aidants ne voient pas toujours que leur charge est devenue un fardeau et qu’ils peuvent, eux aussi, avoir besoin de soutien.
Grâce à une nouvelle aide financière de l’Alzheimer’s Association et de la Fondation Brain Canada, des chercheurs de l’Institut de recherche Santé Bruyère, de l’Université Carleton, du Centre national d’innovation SAM3 d’AGE WELL et de l’Université de la santé et des sciences de l’Oregon (OHSU) ont recours à l’intelligence artificielle pour créer un instrument de mesure pouvant aider à détecter à quel moment les partenaires de soins supportent un fardeau plus lourd.
Pour surveiller et évaluer les comportements en temps réel dans un milieu naturel, la plateforme CART (Collaborative Aging Research Using Technology) s’appuie sur des capteurs installés au domicile de la personne. La plateforme peut saisir passivement l’activité, comme les changements de pièce, le temps passé à l’intérieur ou à l’extérieur de la maison, le fait que les personnes soient ensemble ou non dans la pièce, ainsi que des mesures de santé, comme les habitudes de sommeil.
« Au cours des dernières années, nous avons évalué la plateforme CART au domicile de personnes atteintes de démence et de leurs partenaires de soins », déclare le Dr Neil Thomas, médecin du Programme de la mémoire Bruyère et chercheur principal du projet à l’Institut de recherche Santé Bruyère. « En utilisant des données longitudinales issues de plus vastes études en collaboration avec l’OHSU, nous cherchons maintenant à créer une signature numérique en utilisant l’intelligence artificielle, pour aider à détecter les changements dans les activités quotidiennes liées aux soins qui sont en corrélation avec le risque d’alourdissement du fardeau des proches aidants. »
Les données générées par les technologies de capteurs à domicile sont représentatives de l’évolution de la santé et du comportement au fil du temps, ce qui permet d’obtenir une vision plus précise de l’état physique et cognitif d’une personne, plutôt que de se fier uniquement à l’évaluation clinique. En outre, les données sont moins sujettes aux erreurs de mémoire qui peuvent survenir lors des activités d’autoévaluation.
« Les partenaires de soins en ont beaucoup sur les épaules, selon le Dr Thomas. Il peut être difficile de suivre ou de reconnaître les changements qui s’installent de façon progressive, surtout lorsque l’on se sent déjà dépassé. Cet instrument servira à faciliter la cueillette des données objectives pouvant mettre en lumière la nécessité de recourir à des services de soutien avant qu’une crise ne se déclenche. »
Avec le vieillissement de la population canadienne et le nombre croissant d’aînés qui reçoivent un diagnostic d’un type de démence, les épreuves, plus fréquentes, qui en découlent peuvent peser lourd sur les proches aidants. Non seulement la technologie de capteurs à domicile peut aider les soignants à comprendre les besoins des personnes atteintes de démence, mais avec les fonctionnalités de l’intelligence artificielle, nous aurons des données qui nous permettront de prendre soin des proches aidants et de protéger leur santé et leur qualité de vie.