Le Dr Paul Hébert parle des mesures d’urgence
15/05/2023
Le Comité consultatif scientifique sur les urgences de santé publique de l’Ontario, auparavant le groupe consultatif scientifique ontarien de lutte contre la COVID-19, a entrepris des travaux visant à améliorer la capacité de la province à répondre aux urgences de santé publique en fonction des meilleures données connues à ce jour.
En tant que directeur scientifique du Comité, le Dr Paul Hébert, également professeur à l’Université d’Ottawa, médecin en soins palliatifs et chercheur à l’Institut de recherche Santé Bruyère, explique comment la province envisage d’aborder la question des mesures d’urgence. Il a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.
Le champ d’action du Comité consultatif scientifique s’est élargi avec la pandémie de COVID-19. Pouvez-vous nous parler de cette nouvelle orientation?
Le groupe consultatif scientifique ontarien a été créé, au départ, pour fournir une expertise en matière de modélisation au début de la pandémie de COVID-19, mais il a rapidement élargi son champ d’action de manière à fournir des recommandations fondées sur des données scientifiques au gouvernement, aux autorités de santé publique ainsi qu’au public quand ils en avaient besoin. Au début de la pandémie, il n’existait aucun mécanisme rigoureux de surveillance, de signalement ou de consultation.
L’été dernier, la décision suivante a été prise : des conseils scientifiques indépendants seront fournis à Santé publique Ontario grâce à la création du Comité consultatif scientifique et du secrétariat. Notre mission collective consiste à fournir les meilleurs conseils fondés sur des données probantes afin de formuler des recommandations réalisables pour nos décideurs, nos nombreuses parties prenantes et le public. Le mandat du Comité couvre la préparation aux situations d’urgence, ainsi que les mesures d’intervention et de rétablissement à prendre en cas d’urgence, et ce, pour toutes les urgences de santé publique, et pas seulement pour la pandémie de COVID-19.
Pour avoir une idée de la vaste portée du rôle du Comité, il faut savoir que nous avons commencé par aborder deux questions. Premièrement : quelle serait la meilleure approche de surveillance et de suivi annuelle des virus respiratoires? L’automne dernier nous a rappelé que des virus respiratoires établis, outre la COVID-19, peuvent nous surprendre. Deuxièmement : quelle serait la meilleure façon de surveiller les situations d’urgence liées aux épisodes de chaleur et d’y répondre? Le Canada a déjà connu deux épisodes de chaleur importants, qui ont tous deux eu d’importantes conséquences sur la santé. Ce n’est qu’une question de temps avant que les Ontariens ne soient confrontés à un événement similaire, surtout compte tenu des changements climatiques.
En tant que directeur scientifique, quel est votre rôle dans les activités quotidiennes?
Mon travail consiste à diriger le secrétariat. Notre équipe rassemble les examens de données probantes, favorise la mobilisation des parties prenantes, consulte les experts de l’Ontario et d’ailleurs et travaille avec ces derniers pour fournir les meilleures données et suggestions possibles. Notre comité peut ainsi formuler les meilleures recommandations concernant la préparation, les interventions et le rétablissement en lien avec les urgences de santé publique. Non seulement nous efforçons-nous de fournir des conseils réalisables, mais nous cherchons aussi à former une communauté et des réseaux solides d’experts et de parties prenantes de confiance auxquels nous pouvons faire appel en cas de menaces majeures pour la santé publique.
En plus de préserver une culture de prise de décision transparente et fondée sur les meilleures données connues, nous devons institutionnaliser cette approche et la rendre durable, avec des ressources et des relations de travail adéquates. Je considère que mon travail consiste à guider mon équipe dans la mise en place de ces structures, programmes et stratégies.
Que voudriez-vous que ce groupe de travail et votre travail laissent en héritage?
Si nous réussissons, nous aurons mis en place les structures d’information de même que les approches permettant de synthétiser et d’assimiler tous les renseignements nécessaires à l’établissement de recommandations et de politiques judicieuses. De ce fait, il faut réunir les bonnes personnes et s’assurer qu’elles travaillent avec nous lorsque nous en avons besoin. Nous devons acquérir une expertise et des capacités en matière de réaction aux situations d’urgence. Nous devons également collaborer avec de nombreux autres acteurs afin d’éviter le dédoublement des efforts.
Quelle est la leçon la plus importante que vous ayez apprise jusqu’à présent?
J’ai appris qu’il y a des gens extraordinaires qui travaillent très dur pour préparer l’Ontario et le reste du Canada à la prochaine situation d’urgence. J’ai également appris que ces mêmes experts et parties prenantes espèrent tirer des leçons des expériences passées, être plus efficaces en évitant le dédoublement des efforts, et mieux coordonner les efforts déployés par les diverses organisations et administrations. Nous devons travailler en collaboration avec nos nombreuses administrations canadiennes et internationales, et non en vase clos. Enfin, il est essentiel de mettre l’accent sur l’équité en matière de santé dans toutes nos interventions et tous nos programmes de santé publique.