Consommation de cannabis : les visites à l’hôpital sont liées à un risque accru de démence, selon une étude
14/04/2025
Ottawa, le 14 avril 2025. – Selon une nouvelle étude publiée dans le JAMA Neurology, les personnes ayant consulté un service d’urgence ou ayant été hospitalisées pour cause de consommation de cannabis présentaient un risque accru de 23 % et de 72 %, respectivement, de recevoir un diagnostic de démence au cours des cinq années suivantes, par rapport aux personnes ayant consulté un service d’urgence ou ayant été hospitalisées pour toute autre raison, ou encore par rapport à la population en général.
Le Dr Daniel Myran, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en responsabilité sociale à l’Université d’Ottawa, chercheur adjoint à l’ICES, chercheur à l’Institut de recherche Santé Bruyère et scientifique associé à L’Hôpital d’Ottawa, explique que « la consommation prolongée et importante de cannabis a été associée à des problèmes de mémoire vers la mi-quarantaine, ainsi qu’à des altérations de la structure du cerveau qui sont associées à la démence. » « Dans un groupe de personnes qui consommaient du cannabis au point de se rendre aux urgences ou d’être hospitalisées pour se faire traiter, nous avons cherché à estimer leur risque de recevoir un diagnostic de démence. »
L’étude a été menée auprès de six millions d’adultes ontariens âgés de 45 ans ou plus, qui n’avaient pas d’antécédents de démence lorsqu’ils ont intégré la cohorte étudiée entre 2008 et 2021. Les personnes ont été suivies jusqu’en 2022.
Les données sanitaires détenues par l’ICES ont été utilisées pour comparer les nouveaux diagnostics de démence chez les personnes dont les habitudes de consommation de cannabis ont nécessité des soins immédiats, que l’on définit comme « toute visite au service des urgences ou hospitalisation ». La comparaison s’est faite par rapport à trois groupes : 1) les personnes qui sont allées à l’hôpital pour y recevoir des soins immédiats toutes causes confondues, 2) la population générale et 3) les personnes ayant reçu un traitement actif en raison d’une consommation d’alcool.
Principales constatations :
- Au cours de l’étude, 16 275 (0,3 %) personnes âgées de 45 ans et plus ont reçu des soins immédiats en raison de leur consommation de cannabis, dont 60 % étaient des hommes.
- Le nombre annuel de personnes de plus de 45 ans ayant consulté pour la première fois un service de soins immédiats pour leur consommation de cannabis a plus que quintuplé au cours de la période à l’étude, passant de 353 (6,9 pour 100 000 personnes) en 2008 à 2 508 (37,6 pour 100 000 personnes) en 2021. Le nombre de cas était encore plus élevé chez les personnes âgées de plus de 65 ans (26,7 fois plus).
- Les personnes de 45 ans et plus qui ont été traitées dans un service de soins immédiats en raison de leur consommation de cannabis ont reçu un diagnostic de démence dans les 5 à 10 années suivantes dans une proportion de 5 % à 19 %, contre 3,6 % à 14,8 % pour les personnes qui ont reçu des soins actifs pour toute autre raison, et 1,3 % à 5,5 % pour la population en général.
- Après avoir tenu compte des écarts dans les facteurs sociaux, les autres diagnostics de santé mentale et les maladies chroniques, les personnes ayant reçu des soins immédiats pour cause de consommation de cannabis présentaient un risque de 1,23 à 1,72 fois plus élevé que les personnes ayant reçu des soins immédiats toutes causes confondues et que la population générale, respectivement.
- Le risque de démence observé chez les personnes ayant reçu des soins actifs pour consommation de cannabis était modérément inférieur à celui observé chez les personnes comparables ayant reçu des soins actifs pour consommation d’alcool.
Les auteurs formulent deux mises en garde concernant les résultats de l’étude. Tout d’abord, s’ils ont observé un lien entre les habitudes de consommation de cannabis suffisamment graves pour entraîner une consultation médicale immédiate, ils n’ont toutefois pas examiné les habitudes de consommation de cannabis qui ne nécessitaient pas de soins médicaux immédiats. Ensuite, les résultats ne montrent pas que la consommation de cannabis provoque la démence.
Bien que les liens d’association entre la consommation de cannabis et la démence ne cessent de croître, les auteurs mettent en évidence les mécanismes possibles par lesquels le cannabis pourrait entraîner la démence.
« La consommation régulière de cannabis pourrait être directement liée au risque de démence par les modifications qu’elle entraîne sur la structure du cerveau. Par ailleurs, il est possible que la consommation régulière de cannabis accroisse le risque d’apparition d’autres facteurs liés à la démence, notamment l’hypertension artérielle, les traumatismes crâniens et autres blessures, ainsi qu’un risque plus élevé de dépression et d’isolement social », explique la Dre Colleen Webber, chercheuse scientifique à l’Institut de recherche Santé Bruyère et coautrice de l’étude.
« Bien que la communauté scientifique doive mener davantage de recherche pour mieux comprendre les risques que peut comporter la consommation régulière de cannabis sur la cognition et la démence, nous espérons que les résultats contenus dans de ce rapport pourront éclairer le dialogue entre les patients et les fournisseurs de soins de santé », conclut le Dr Myran.
L’article, « Risk of dementia in individuals with emergency department visits or hospitalizations due to cannabis », a paru dans la revue scientifique JAMA Neurology.
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