Plusieurs personnes âgées vivant à domicile ne reçoivent pas de soins palliatifs alors qu’elles en auraient besoin
26/02/2024
Nombreuses sont les personnes âgées qui vivent à domicile et qui ne reçoivent pas de soins palliatifs avant leur décès. Selon une nouvelle recherche publiée dans le Journal de l’association médicale canadienne, ce constat révèle que nous devons nous doter de meilleures méthodes pour recenser les personnes qui ont besoin de ce soutien.
Amy Hsu, chercheuse à l’Institut de recherche Santé Bruyère, auteure principale de l’étude et membre du corps professoral du Département de médecine familiale de l’Université d’Ottawa précise que « les soins palliatifs sont une composante essentielle de l’approche holistique, globale et centrée sur le patient, qui se prodiguent dès le diagnostic de la personne atteinte d’une maladie qui limite son espérance de vie. »
Par ailleurs, le fait de mettre en place des soins palliatifs dans les mois qui précèdent le décès entraîne une expérience de fin de vie plus positive, qui se traduit notamment par une amélioration de la qualité de vie, une diminution de l’anxiété, une meilleure gestion de la douleur et des symptômes, et des soins éventuellement moins actifs. Cependant, on estime qu’au Canada seulement 15 % des personnes reçoivent des soins palliatifs à domicile au cours de leur dernière année de vie.
Dans le cadre de leur étude, les chercheurs ottaviens ont analysé les données de près d’un quart de million de personnes âgées domiciliées chez elles et ayant fait l’objet d’au moins une évaluation au moyen du système d’évaluation des services à domicile interRAI entre août 2018 et septembre 2019. À l’aide d’un instrument appelé R.E.S.P.E.C.T., conçu pour aider à cerner les besoins en soins palliatifs des personnes âgées fragiles, l’équipe de recherche a pu prédire le risque de décès dans les six mois suivant l’évaluation et a examiné les services de santé dont les personnes ont bénéficié.
Ils ont constaté qu’à peine la moitié des personnes dont l’espérance de vie était estimée à moins de trois mois avaient reçu des soins palliatifs professionnels à domicile. Les personnes qui avaient effectivement reçu des soins palliatifs à domicile étaient celles pour lesquelles le médecin avait établi un pronostic terminal.
« Les algorithmes prédictifs, comme l’instrument R.E.S.P.E.C.T., peuvent améliorer la façon dont nous fournissons des soins aux personnes frêles. Ils peuvent aider les cliniciens à repérer les personnes qui ont besoin de soins et à quel moment elles en ont besoin », explique le Dr Doug Manuel, médecin de famille, coauteur de l’étude et chercheur principal à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa.
« Ces outils et ces données peuvent également susciter des échanges plus précoces concernant les préférences, les objectifs et les souhaits des patients qui approchent la fin de leur vie, et éclairer la planification préalable des soins », ajoute madame Hsu.
Selon madame Maya Murmann, associée de recherche à l’Institut de recherche Santé Bruyère et tenante de l’intégration de l’instrument R.E.S.P.E.C.T. dans divers établissements de soins : « Une proportion considérable de clients qui vivent leurs derniers mois ou dernières années de vie ne reçoivent pas de soins palliatifs et continuent d’être admis dans des hôpitaux et des foyers de soins de longue durée. La plupart des Canadiens et Canadiennes veulent mourir chez eux ou dans un milieu familial, entourés de leur famille et de leurs proches. Lorsque les personnes ne bénéficient d’aucun soutien pour finir leurs jours hors établissement de soins, leur expérience de fin de vie peut ne pas correspondre à leurs souhaits. »
La calculatrice R.E.S.P.E.C.T. peut être consultée sur ProjectBigLife.ca. Les chercheurs travaillent avec leurs partenaires de soins au domicile des gens, dans les divers milieux de vie extra-hospitaliers et dans les foyers de soins de longue durée pour intégrer l’instrument R.E.S.P.E.C.T. dans leur milieu.
L'article Estimated mortality risk and use of palliative care services among home care clients during the last 6 months of life: a retrospective cohort study sera publié le 26 février 2024.
Contact pour les entretiens :
Jasmine Rooke, Institut de recherche Santé Bruyère
JRooke@bruyere.org
Personne-ressource pour les médias :
Kim Barnhardt, JAMC
kim.barnhardt@cmaj.ca
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